Bonne fête Odile!
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Ma marraine, Odile, fêtait ses 55 printemps aujourd'hui.
Pour l'occazz, on l'a sorti de son centre pour la fêter dans la campagne. Parce que quand la cochonnerie de sclérose en plaques se garoche sévèrement sur toi, c'est là que tu finis par aboutir des fois, dans un centre.
De toute ma vie, je crois pas avoir vu ma tante heureuse. Vraiment heureuse, j'veux dire.
Tu devrais écrire ma bio Hani, qu'a dit, ma tante. Ce serait une histoire ben ben trisss. C'est aussi ce qu'elle me dit.
De la petite école où elle se faisait écoeurer à cause de sa taille, à cette même école où c'était si aisé de placer son prénom à l'intérieur du mot crocodile.
De son mariage foireux rempli de larmes, à sa vie chamboulée par la maladie.
Elle était couturière avant de perdre la fonction de son bras gauche. Tranquillement, ses jambes ont décidé de prendre off forever elles aussi.
Quand j'étais jeune et qu'elle me gardait, j'avais la job de r'virer des poignets de chandails. Toute la journée, elle cousait des poignets de chandails. Ça faisait une grande ribambelle de poignets que je devais séparer à l'aide d'un petit ciseau. Clip. Clip. Clip. Les poignets tombaient dans une boîte à mes pieds.
Quand j'avais fini de couper, je mettais la boîte près de moi, je pigeais dedans, un à un les poignets, et je les revirais. Ma tante les cousait ensuite sur les chandails. La plupart du temps, c'était des cotons ouatés pastels pour tites filles.
J'étais son cheap labor. Mais ça me dérangeait pas. Souvent, ma grand-mère était assise près de moi et on travaillait en team. Elle m'apprenait à être minutieuse. À être patiente itou. Ses mains usées travaillaient vite et bien alors qu'elle disait des affaires comme "R'gard donc ça les beaux chandails que ça va faire".
Ma grand-mère trouvait toute beau.
J'imagine que maintenant, les même cotons ouatés sont faits en Chine par d'autres cheap labor, avant d'être pitchés au Walmart. Y'a sûrement plus grand' p'tites québécoises assises près de leur mamie dans l'fond d'un rang d'campagne en train de r'virer des poignets pis en train de se dire que c'est vrai que ça va faire des sodas de beaux chandails.
Ma tante a ri aujourd'hui. Plein de fois.
Elle a vécu un éphémère moment de bonheur, le temps d'un après-midi.
Merci pour ça. Y a pas de raison, je suppose, qui explique que j'aie trouvé ton petit texte si beau - je les aime toutes, tes histoires, mais celle-là, ce soir, elle était à sa place dans mon chez-moi et elle m'a fait du bien.
RépondreSupprimerBonne fête à ta marraine, et bonnes bises à toi.
Hani,
RépondreSupprimerTuas un talent extraordinaire ... tu viens de faire ma soirée! C'est la première fois que je réagis à l'un de tes textes... celui-là particulièrement vient me chercher... je t'aime et svp écrit ce livre !!!
Oh! C'est beau, c'est vraiment touchant ça... On en prendrait plus! Merci. xxxx
RépondreSupprimerWow! Vous êtes donc ben fins tout le monde ! Ça fait très plaisir de lire de si beaux commentaires. Merci!
RépondreSupprimersuperbe, le texte et la photo!!! très touchant et triste!!! merci hani!|!!
RépondreSupprimerMerci à toi Marco!
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