lundi 5 décembre 2011

Les églises

J'aime m'infiltrer en catimini dans les églises avec mon appareil photo. J'ai toujours l'impression d'être illégale. Le suis-je au fait?

Je proviens de ce que je crois être la dernière génération d'enfants qui a dû "subir" l'église. Quand j'étais toute petite et que mes grands-parents me gardaient, j'accompagnais, à tous les mardis matins, mon grand-père Roberge à l'église de Ste-Anne de la Rochelle. Il y avait un 15 minutes où mes yeux se gavaient de la splendeur des lieux. De la lumière qui passait merveilleusement au travers des vitraux pour faire briller les multiples détails architecturaux.

 Le reste de la cérémonie, je le passais à trouver ça long, plate à mourir la bouche ouverte. À avoir chaud, à avoir froid, à balancer mes papattes que j'avais de la difficulté à retenir d'aller courir. Y'avais toutes les messes de minuit à endurer, les cérémonies de première communion, de profession de foi et tralala.

Aujourd'hui, j'adore les églises. Ça doit m'être resté de mon enfance.

Je ne vous parlerai pas de religion ici. Chacun est libre de croire en ce qu'il veut et de le vivre comme il l'entend. Moi je vous parle de la grosse bâtisse qui abrite des statues.

J'ai photographié l'église de Racine la fin de semaine dernière. J'ai en tête d'offrir quelques clichés de cette splendeur de bâtiment à mon autre grand-père, celui de qui j'ai hérité du nom Ferland, qui lui a un gros kick sur l'église de sa place. Mon grand-père a été maire de Racine. L'église, c'est le noyau de son village. Il l'aime d'amour.

Lorsqu'il me passe à l'esprit d'aller photographier une église quelconque, j'ai toujours le même cérémonial. Je commence d'abord par photographier l'extérieur.



Ici, j'ai utilisé ma lentille Tokina 11/16 f2.8. L'image déformée donne une prestance impressionnante à l'église. Les nuages de ce dimanche frisquet ajoutent du mouvements à la photo. On aime ça les nuages.

Lorsque j'ai photographié mille fois l'extérieur, je me rapproche tranquillement de la porte, en me demandant si elle sera barrée...



Lorsqu'elle s'ouvre, je me sens fébrile tout plein. Me demande si j'ai le droit d'y mettre les pieds...

Ci-bas, le moment glorieux où je m'approche de la seconde porte en demandant si celle-ci me résistera. Je tire doucement...elle ne résiste pas!


C'est le moment que j'aime le plus.

Être toute seule devant autant d'immensité, de toute cette magnifique lumière, ça a quelque chose de surréel.  Je fige toujours un peu.

Je marche sur la pointe des pieds.

Je fais le tour, le plus silencieusement possible. Il n'y a que le bipbip de mon Canon qui tinte et vient apporter de la réalité dans ce lieu archaïque.

J'ai eu droit au coucher du soleil dans un vitrail.


J'ai eu droit à tout ça pour moi toute seule.



Je suis ressortie. Comme si j'étais habitée d'un secret.
J'ai rangé mon Canon dans son lit.
Je suis partie, le nez plein de l'odeur douçâtre de l'encens.
C'est beau, une église.